Le lobbyiste Jean-Pierre Duthion reconnaît avoir rémunéré l’ex-journaliste de BFM-TV Rachid M’Barki


Les aveux ont eu lieu lors d’un interrogatoire le 12 janvier devant un juge d’instruction. Le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, mis en examen à Paris dans l’enquête portant sur des soupçons d’ingérence étrangère dans la politique et l’actualité françaises, a reconnu avoir rémunéré l’ex-journaliste de BFM-TV Rachid M’Barki, a fait savoir vendredi 19 janvier une source proche du dossier à l’Agence France-Presse.

Le lobbyiste a concédé lui avoir donné des enveloppes de billets et fait un virement de 2 000 euros, a précisé la source proche du dossier. Son avocat, M. Robin Binsard, n’a pas souhaité réagir.

M. M’Barki avait lui-même avoué avoir perçu cet argent, lors de sa garde à vue en décembre, a révélé jeudi Le Parisien : « Il m’est arrivé de recevoir des sommes d’argent (...) Oui, je reconnais les faits de corruption passive », avait-il déclaré. Une somme qu’il évalue entre « six et huit mille euros » en liquide.

Ses déclarations, citées par Le Parisien et confirmées par la source proche du dossier, contredisent ses propos tenus en mars devant une commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences politiques. Jean-Pierre Duthion avait aussi été auditionné en avril dans ce même cadre.

Des brèves litigieuses

Vendredi, le président de la commission et député RN Jean-Philippe Tanguy, a annoncé sur X son intention d’émettre un signalement à la justice car M. M’Barki et M. Duthion « auraient menti sous serment aux parlementaires ». De son côté, Me Binsard a déposé en décembre une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), dénonçant « la superposition » des enquêtes parlementaire et judiciaire.

Il y voit un dévoiement des droits de la défense : devant une commission, les personnes interrogées « prêtent serment de dire la vérité, et sans disposer du droit de garder le silence » et tout mensonge devant les parlementaires peut faire l’objet de poursuites pour parjure. Alors que la loi française « consacre le droit de ne pas s’auto-incriminer ».

Outre MM. Duthion et M’Barki, l’information judiciaire s’intéresse a minima à deux autres hommes : le politologue spécialiste du Qatar Nabil Ennasri, mis en examen et placé en détention provisoire en octobre, ainsi que le député écologiste Hubert Julien-Laferrière, dont le bureau a été perquisitionné à la fin de septembre mais qui n’a pas encore été entendu. Le premier est soupçonné d’avoir été l’agent d’influence de la monarchie qatarie et le second d’avoir fait la promotion d’une cryptomonnaie contre d’éventuelles contreparties.

L’enquête judiciaire avait débuté après une plainte de BFM-TV et une enquête internationale à la mi-février du collectif de journalistes Forbidden Stories. Elle pointait les activités d’une société israélienne, surnommée Team Jorge, spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, dont des Etats. Dans le cas de M. M’Barki sur BFM-TV, elle pointait des brèves litigieuses diffusées en 2021 et 2022 et relatives à des oligarques russes, au Qatar, Soudan, Cameroun, ou encore au Sahara occidental.

Le Monde avec AFP



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